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Le débat de Missélé eba’a : La balle unique qui tuera Ali Bongo Ondimba. Qui a eu cette idée folle d’introduire le bulletin unique dans le processus électoral ?

Le débat de Missélé eba’a : La balle unique qui tuera Ali Bongo Ondimba. Qui a eu cette idée folle d’introduire le bulletin unique dans le processus électoral ?
 Le grand maître, Omar Bongo Ondimba, rappelait qu’on n’organise pas une élection pour la perdre. Malheureusement, l’expérience du bulletin unique dans le processus électoral d’août 2023 va définitivement conclure et tourner la page d’Ali Bongo Ondimba. Ce qui est un suicide politique désastreux pour tous ceux qui ont toujours cru en lui.
Dans un premier temps, mettons de côté les aspects juridiques qui, pourtant simples à comprendre, ne s’accommodent nullement au décret signé le 4 août par le président de la République. En effet, les différents textes de loi qui encadrent le processus électoral n’ont pas été appréciés et respectés. Que d’amateurisme pour ces apprentis sorciers qui ne pourront qu’en payer le prix, très bientôt. Aucun juge sérieux et respectant sa toge ne peut sacrifier sa carrière, son image et sa crédibilité en acceptant de mélanger, toute honte bue, deux élections aux dispositions légales trop différentes. Lorsqu’on nous dit que ce désordre politique est organisé pour des raisons d’économie. N’est-ce pas trop ridicules ?
La loi budgétaire n’a même pas été rectifiée, ne serait ce que pour la forme ? Comment peut-on tenter de nous vendre une affaire faisandée quand son odeur donne les prémices du niveau de putréfaction de la situation politique dans laquelle se trouve le chef de l’État candidat ? La question de fond est de savoir, qui généralement vote Ali Bongo Ondimba ?  Est-ce majoritairement les militants et les sympathisants du parti démocratique gabonais (PDG) ?
 La réponse est non. Aucune étude sérieuse ou aucun sondage crédible ne pourra dire le contraire. C’est encore le nom et la mémoire d’Omar Bongo Ondimba qui font voter son fils Ali. C’est en cela que la candidature de Paulette Missambo, profil aux milles atouts, fait très peur et dérange plus que tout, tous les états majors politiques. De la même façon qu’il était difficile mais surtout mortel d’organiser une élection avec autant de représentants des candidats dans les bureaux de vote, il sera fatal sur la plan institutionnel et constitutionnel d’associer la légitimité du président de la République à celle du député.
Certes ce sont des élections uninominales mais hélas trop différentes. Comment certains grands penseurs du pouvoir ont pu un seul instant lier le destin du député ou du président de la République à celui de l’un ou de l’autre ? Le bulletin unique, telle une balle unique tuera Ali Bongo Ondimba. Car ce mode opératoire lui empêche de gagner des milliers et des milliers de voix. A la réalité des faits, son électorat de base ne peut pas être le PDG puisqu’il ne gouverne pas selon l’esprit de ce parti qui est foncièrement légitimiste. Voir des Noureddine Bongo Valentin qui n’ont fait leurs preuves de militantisme nulle part, des arrogants incompétents comme Jessy « Ella Ekogha » et Mohamed Ali Saliou dit Oceni occuper indûment des places au sein du PDG d’Omar Bongo Ondimba, des repoussoirs invertébrés, ingrats et traîtres comme Ian Ghislain Ngoulou être des donneurs d’ordre au sein du PDG, cela ne pourra se traduire que par un vote sanction par les camarades du PDG d’abord. Comment est mort politiquement Nicolas Sarkozy ?
C’est bien l’UMP qui lui a planté une balle dans la tête. Et les conséquences sont encore vivaces. Si un électeur ne peut librement voter son député ou le président de la République de son choix, c’est qu’il n’y a pas eu élection. Avec le bulletin unique, celui qui n’aime pas le candidat à la députation choisi par le parti, sanctionnera le président de la République et vice- versa. Celui qui veut voter un candidat indépendant, ne peut voter le président de la République de son choix car il n’aura pas le visage ou le nom du candidat à la présidence de la République de son choix sur le bulletin de vote. Ali Bongo Ondimba ne pourra rien espérer dans ces conditions. Mais, ainsi conçu, Ali Bongo Ondimba n’a aucune chance de gagner. De façon simpliste, la population gabonaise est majoritairement pauvre. Donc, vivant dans des conditions difficiles. Par habitude, c’est bien cette catégorie de la population qui aspire au changement, à des lendemains meilleurs. Or, les cinq dernières années de gouvernance d’Ali Bongo Ondimba n’ont pas offert à des milliers de gabonais la possibilité de croire en ce qui booste un électorat : le fameux « bientôt, c’est notre tout ».
Maixent Accrombessi n’avait-il pas crié au soir de la proclamation de l’élection présidentielle d’août 2016 « A nous les milliards » ? Combien, en dehors de la maisonnée du président de la République et leurs affidés pourront encore le dire sans même se souvenir de ceux qui auront contribué à les faire jouir du pouvoir ? Qui au PDG peut croire que ce sera son tour quand tous ceux qui ont fait l’élection présidentielle d’Ali Bongo Ondimba en 2016 ont été tous décapités ? Ingratitude quand tu nous tiens.
Qui peut croire qu’avec un nouveau bail de Noureddine Bongo Valentin à la présidence de la République, les institutions de la République seront respectées ? Qui peut penser un seul instant qu’avec Ian Ghislain Ngoulou, la République et ses autorités diverses seront considérées ? Arrogance des incompétents quand tu nous tiens. Qui peut penser qu’avec la méchanceté de la maisonnée le pouvoir sera partagée ? C’est bien de ça dont il est question. Le bulletin unique ne cadre vraiment en rien avec l’esprit de la Constitution de notre pays qui est la pâle copie de la Constitution française conçue par le général de Gaulle et Michel Debré. C’est justement la dictature des partis politiques, justifiant l’instabilité des institutions et des gouvernements, qui a amené le général de Gaulle à penser qu’il fallait élire le président de la République au suffrage universel.
Or, le bulletin unique tel que conçu tue cet esprit même, en plus de ce besoin de séparation de légitimité et des pouvoirs de ces deux institutions, ô combien différentes. Jusqu’au bout, Ali Bongo Ondimba aura été persécuté par les siens. Depuis sa chute à Ryad en passant par l’incompatibilité entre ses capacités et la charge qu’on lui impose pour finir avec une balle unique qui, inévitablement, l’achèvera politiquement. Quelle triste fin pour le PDG. Après plus de cinquante ans de gouvernance, ce vieux parti finit avec une élection générale sans visage. Tout est symbole dans la vie, disent les francs-maçons. Le bulletin unique est la balle unique qui enterrera le pouvoir d’Ali Bongo Ondimba et la majorité PDG. Qu’un esprit libre de la mouvance des collégiens du bord de mer fasse une démonstration contraire.
Par Télesphore Obame Ngomo Président de l’Organisation patronale des médias (OPAM).

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